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Le bien et le mal n’existent pas

 

On entend souvent cela dans les préceptes des voies spirituelles non-duelles comme celle du tantrisme.

Berceau des spiritualités orientales, il est influencé par le Bouddhisme et très vite ils s’inter-influencent. Le tantrisme dans le contexte de l’époque tentait de démontrer que même lorsqu’on transgresse ce qui est divin, cela est également divin. Que tout fait partie du plan cosmique, le bien comme le mal.

Il est en effet facile de vulgariser ce genre de préceptes pour justifier tout est n’importe quoi. Il est évident que les chercheurs immatures peuvent aisément confondre et mélanger des niveaux: relatif/ absolu, conscient/inconscient, vertical/ horizontal, humain/ spirituel… Genre « Le tantrisme pour les nuls »…

Alors oui dans l’absolu, le bien et le mal n’existe pas. Ce qui est est simplement (Ham Sa ou So ham) et c’est nous qui rajoutons des notions d’agréabilité ou de désagréabilité. Mais dans le relatif, ce sont des notions créées pour arriver à vivre en société.

« Non-duel » signifie traditionnellement que l’âme individuelle (Jivataman) n’est pas différente ou séparée de la conscience universelle (Brahman) ou, exprimé autrement « Dieu est en nous » ou « le divin est en nous », « Nous sommes le divin ».


Cette pensée s’oppose au Veda pour qui :« la vérité est une, bien que les sages la voient sous de multiples formes » – Rig Veda (texte sacré du XVe siècle av. J.-C.).

Chercher la vérité suppose que l’on mette en doute chaque pensée, chaque croyance, chaque idée préconçue, chaque préjugé, chaque pensée introjectée (issue de notre éducation, de la religion, de la morale…). Cette quête implique que l’on vérifie chaque idée: est elle vraie? est elle juste?

Croire, c’est fermer les yeux. On apprend dès lors à douter et à ébranler toutes nos croyances, y compris à mettre en doute la parole de nos maîtres et à vérifier les sources de nos connaissances. *

 

 

 

Mais que se passe t’il lorsqu’on ramène à un autre plan/ à un autre niveau des sagesses absolues qui sont vulgarisées? Tout est justifiable à l’aide des aphorismes détournés ou vulgarisés, de clichés qui mettent fin à la réflexion, au questionnement, à une pensée autonome ou à toute forme d’analyse.

Le spirituel (mais pas que; le domaine de la santé, du management…aussi) on le voit dans pléthore de cas est utilisé pour assouvir ses propres pulsions: Rael, Bikram, temple du soleil, la famille Manson, les Twin Flames, la fédération Atman (yoga tantrique), Joao de Dio, enfants de Dieu…

Est-on si loin de cela lorsque dans nos villes des « thérapeutes/ praticien.ne.s » tantra affirment savoir, sentir ce qui est juste (ce qui supposerait qu’un «injuste» existe) et décident de poser des actes en faisant fi du consentement de la personne qui consulte? Voire même abusent de l’emprise qu’ils ont sur ces personnes afin d’avoir de la sexualité, consciemment ou inconsciemment. Dans les deux cas, ce genre de personne est dangereux.

Charles Manson utilisait ce même genre de manipulation lorsqu’il a constitué sa « famille » et orchestré les actes qui ont suivis… Il affirmait que le bien et le mal n’existait pas, que l’on projetait sur lui ce qu’on voulait voir…bla bla bla…

Mais dites-moi dans un cadre thérapeutique de massage tantrique par exemple, qui est garant du cadre?

Même si la femme vient provoquer et tenter de répéter son scénario d’abus, qui est responsable dans ce genre d’espace? Le/la patient.e ou la/ le thérapeute?

Qui se doit lorsqu’il/elle se dit « thérapeute » de conserver le cadre safe  Qui est censé voir les mécanismes à l’œuvre? Qui doit observer les dynamiques de transfert et contre-transfert et ne pas entrer dans le jeu justement?

Un « thérapeute », praticien en tantra…ne se doit-il pas de reconnaître la thématique de l’abus sexuel lorsqu’un.e patiente.e vient consulter?

Si on pousse le bouchon un peu plus loin sur base de ce genre de préceptes: ne pourrait-on pas excuser un violeur voire un pédophile qui aurait lui-même ce genre de thématiques dans son parcours en tant que victime alors qu’il reproduit l’impensable? Ne pourrait-on pas excusez Charles Manson?

On entend même des personnes qui rejettent complètement ou partiellement la responsabilité sur l’abusé.e elle/il même!!!!

 

 

On voit des « thérapeutes » ou adeptes tellement endoctrinés par la matrice du développement personnel et sa clique de croyances, qu’ils osent même blâmer les victimes: « On ne sait pas exactement quel type de relation elle avait avec lui » ou excuser les actes de ces pseudo-thérapeutes avec des conception comme: « Il ne faut pas diaboliser la personne », « Tout le monde peut se tromper », « Il fait un chemin de rédemption », « Personne n’est parfait», « La victime a dans son parcours des thématiques d’abus, elle cherchait à se faire abuser »…

Une personne qui s’auto-proclame thérapeute ne doit elle pas avoir certaines compétences? Comme une habilité à reconnaitre le pathos chez ses patients? Être « thérapeute » n’est-ce pas une étiquette que l’on utilise lorsque l’on est sorti de ces « jeux » ou dynamiques inconscientes? Doit-on accepter qu’un chirurgien dise: « Je me suis trompé. Je me remets en question pour la suite et je vous présente ma rédemption?” Doit-on accepter d’un pilote de ligne qu’il fasse une « erreur d’appréciation ou de justesse »?

Je suis extrêmement choquée de la vision des ce genre de « professionnels » qui n’ont aucune connaissance des processus à l’œuvre chez des personnes abusées, ni des dynamiques émotionnelles en jeu, qui n’ont pas de connaissances psychologiques, pas de formation, pas d’expérience…Oseriez-vous envoyer un de vos enfants consulter de telles personnes?

Comment tombe t’on dans le piège et comment évite t’on de croire soi-même à ses propres idées, idéologies? Le doute comme le disait le Bouddha «Si tu me vois et que je te dis que je suis le Bouddha, ne me crois pas» est l’alternative la plus certaine.

L’une des façons de parvenir à ces « erreurs de justesse » et de justifier l’injustifiable, est de recourir à des “clichés qui mettent fin à la réflexion”. Ou encore de mettre fin au questionnement en proclamant: “Arrêtez d’être gouvernées par la peur”, “Pourquoi avez-vous ces croyances limitantes?” On me l’a encore dit récemment alors que je ne souhaitais pas faire une pratique proposée dans un stage? Et donc si ce qui est proposé dans le stage ne me parle pas ou m’est impossible pour certaines raisons, on taxe instantanément la posture comme de la résistance ou des croyances limitantes…

Une autre manipulation est l’utilisation d’euphémismes qui adoucissent une vérité afin d’éviter de choquer ou brutaliser comme: « Cela t’appartient” ou “Cela ne m’appartient pas” pour signifier que l’on s’en fiche, que nous ne sommes pas concerné ou pour éviter de se sentir responsable. Ce qui évite en même temps d’être humain face à la souffrance de l’autre? C’est ça le spirituel ou thérapeutique? “Donc si je te viole et que tu en souffres, cela t’appartient.” “C’est quelque chose en toi qui réagit que tu devrais observer”.

L’idéologie est aussi employée. Ceci est à l’œuvre lorsqu’en s’inscrivant à un weekend Tantra par exemple, on devient un “Tantrika du Tantra blanc ou rouge ou…” ou “On fait partie de la famille tantrique” ou d’une communauté dès l’inscription.

 

 

 

La psychologisation de la douleur, de la souffrance, des viols est également un procédé courant dans le domaine du développement personnel ou spirituel (mais pas que): « Les blessures de l’homme et de la femme qui sont en miroir et résonance” , “Il y a quelque chose de très fort qui se joue au niveau des inconscients”. Dans cette même logique, et dans un soucis d’élévation spirituelle ou de conscience, on pourrait aussi aller dire aux enfants à Gaza que le bien et le mal n’existent pas et qu’il y a quelque chose dans leur inconscient et celui de leurs agresseurs qui se joue et qu’il serait bien de comprendre afin de ne pas reproduire et de sortir du jeu”… ou “d’aller dans nos parts les plus élevées pour regarder ce qui se joue et pour pouvoir en sortir” c’est si simple en fait non? Si on le pouvait, on le dirait aussi à Sharon Tate et à l’âme de son bébé?

 

Tout cela me fait penser à l’histoire de la grenouille qui cuit dans son eau sans s’en rendre compte.

Gardez votre esprit critique, remettez en doute vos pensées et ce que les autres vous disent. votre ressenti est précieux, fiez-vous à lui, résistez à l’influence des groupes si vous ne le sentez pas. Il est toujours plus bénéfique de rester fidèle à soi plutôt qu’à quelqu’un d’autre. Refusez les commentaires déplacés, les actes non-déontologique, posez des questions avant d’aller faire un stage de tantra ou un massage tantrique, renseignez-vous.

 

Les abuseurs et manipulateurs vont attaquer là où les victimes sont vulnérables. Mettre en doute est plus sain que de rapatrier en vous les croyances des autres. Et dans le doute…abstiens-toi. Ce petit proverbe est un joli mantra à garder en conscience, s’il y a doute, c’est votre organisme qui vous alerte de quelque chose qui n’est peut-être pas bon ou juste pour vous.

 

Si vous avez des doutes sur des évènements passés: “Était-ce normal?”, “Cela n’a pas été énoncé avant.”, “On m’a mis la pression”, “Je me suis faire séduir eou enrôler”…N’hésitez pas à me contacter.

 

 

 

Auteure: Umâ

* https://www.bbc.com/afrique/monde-58653576

** https://www.lechemindubonheur.net/post/qu-est-ce-qu-une-voie-non-duelle