Passionnée, captivée par les phénomènes d’emprise, je m’informe, recherche, lis, fais des liens.
Elle me fascine car plus jeune j’étais du “emprise material” (expression en Anglais).
Aux prémices de ma vie amoureuse, je suis vite tombée sous la coupe d’hommes très manipulateurs car je n’avais pas de “Soi” construit à protéger. Mon père était constamment dans un abus d’autorité. Il était violent physiquement, verbalement, psychologiquement. Il utilisait l’intimidation, l’humiliation et abusait de son autorité paternelle avec nous trois (moi, mon frère et ma mère qui s’était résignée).
Il décidait à notre place et notre opinion était balayée d’un coup de “C’est moi qui décide”.. J’ai donc vite assimilé inconsciemment que c’est l’autre qui a le pouvoir, que c’est l’autre qui décide pour moi et notamment que c’est l’homme qui décide pour moi. Ma mère en était l’exemple vivant et n’enseigne t’on pas le mieux en incarnant la sagesse? J’étais bonne élève à mon insu.
J’ai comme cela eu des premiers amoureux violents, manipulateurs (face à du “emprise material” que j’étais, perfect match non?), infidèles (un d’eux est même sorti deux mois avec ma meilleur amie!! sympa la pote!! good material l’amie aussi!!).
Dès l’adolescence, j’ai vécu des tourments monstrueux au sein de ces relations amoureuses. N’ayant jamais appris que mon sentiment comptait, que j’avais le droit de vouloir ou ne pas vouloir quelque chose, que je pouvais sentir tout cela en moi et le prendre en compte et en prendre soin.
Aujourd’hui je peux grâce à ce processus qu’est la métacognition (“la cognition sur la cognition” le fait de voir de plus haut, de plus loin, de me voir réagir, de prendre du recul et avoir une vision plus large), voir pourquoi et comment j’ai laissé mon pouvoir à l’autre. Encore, c’est toute mon éducation. Je constate également de l’intérieur, que la femme est éduquée implicitement ou explicitement à être au service du masculin. Enfin encore à l’époque de mon éducation. Les choses tendent à changer lentement.
Donc me voilà au seuil de mon adolescente “emprise material”, formatée à laisser l’homme décider. C’est un peu cela l’emprise, avoir peur, être vulnérable mais aussi avoir envie de…
Ce qui me conduit inexorablement à reproduire ce que j’ai connu et jusqu’il y a peu.
Il y a six ou sept ans…l’abus que j’ai vécu dans le tantra par celui qui était mon thérapeute et ensuite mon professeur n’est pas excusable, ni justifiable malgré ce qu’il en pense. Il a pris cette initiative non mutuellement consentie parce qu’il a senti que c’était juste pour moi. !! IL A SENTI POUR MOI !! Tiens comme mon daddy!! Ne lui a pas traversé l’esprit de me demander. Il a décidé sur base de ses observations pendant la séance que c’était ce dont j’avais besoin car mon sexe était humide. On sait tous et toutes que l’érection d’un pénis ou l’humidification d’une vulve signifie consentement!! C’est ironique hein!!
Je n’ai pu le confronter que deux ans après!! J’ai accepté sa réponse, car j’étais éduquée à cela (j’entends sa raison à ce moment, il savait pour moi, tellement mieux, qu’il n’a pas jugé nécessaire de vérifier) et aussi parce qu’il y avait des enjeux pour moi: l’envie de travailler à ses côtés, d’être reconnue grâce à sa notoriété. Un peu comme les actrices…Il y a tellement de honte reliée à cela que ces envies étaient bien enfouies. Vous les révéler n’est pas choses aisée. Enfin, si ça l’est mais me “le révéler à moi-même” ne le fut pas, pas du tout.
L’emprise arrive lorsqu’il y a vulnérabilité, peur mais aussi envie de quelque chose: d’appartenir, d’être reconnu, d’être riche et célèbre ou plus basiquement lorsque les besoin vitaux ne sont pas rencontrés… Ça en fait du monde!
L’envie n’est pas forcément consciente ou conscientisée.
Il est très difficile d’accepter cela, sans se sentir honteux.se.
Cette envie ne justifie en rien les abus et prises de pouvoir sur quelqu’un qui est vulnérable.
Voilà pourquoi je vous partage cette vidéo de Brené Brown.
Osons mettre en lumière nos hontes, même celles qui sont précautionneusement dissimulées pour tenter de sauver un ego, une image forte de soi. “L’empowerment” est tellement tendance, la souveraineté à la mode, facile de tomber dans l’illusion.
Et si notre puissance commençait par reconnaître ou le bât blesse? De façon intime, avec soi, avec ses amis, avec son thérapeute… Avec des personnes qui ont déjà accueilli cela en dedans, “within” un mot Anglais que j’aime.
Pour moi tout cela fait partie de la démarche tantrique, être authentique (le nom du premier cycle que j’ai donné en tant qu’animatrice de workshps tantra), mais authenticité avec soi d’abord.
Par exemple mon abuseur aurait pu/ pourrait toujours tourner la flèche vers l’intérieur et honnêtement se demander: “Est-ce que je fais cela car je sens que c’est juste pour elle(s) ou je le fais parce que j’aime doigter les femmes, parce que j’aime cet image de l’homme qui peut donner tant de plaisir aux femmes…?”. Et constater que :”Tiens, je doigte des dizaines de femmes sans leur demander, sous prétexte que je sais ce dont elle sont besoin, est-ce possible que cela coïncide avec le fait que j’aime faire cela ou non?
C’est une introspection difficile mais néanmoins nécessaire lorsque l’on se dit thérapeute psycho-corporel. Et, faute avouée…gloups.
Pensez-vous que je puisse faire l’économie de comprendre pourquoi j’étais du “emprise material” et me dire thérapeute?
Aujourd’hui parce que je l’ai vécu du dedans et que je me suis bien documentée et renseignée sur la dynamique de l’emprise et les terrains qui la permettent, j’aborde cela dans mes séances. Je crois que je la repère bien plus vite à présent. Un peu comme un chien reconnaitrait une odeur, mon habilité s’est finement aiguisée.
Je suis curieuse des échos que mes mots font en vous. Mes écrits ont toujours la vocation de créer du lien plutôt que des polémiques, so welcome guys.
Avec amour.