Petite séance de Chi Gong sur ma terrasse citadine tous les matins.
La répétition de simple mouvements: caresser l’air, ramener l’horizon à soi, s’appuyer sur la terre…
Un exercice d’ouverture des bras à l’inspiration. Flexion des jambes et mouvement de rassemblement vers le Hara à l’expiration. Et là, je ramène toutes les expériences vécues, toutes les personnes rencontrées, les joies et peines, toute la ville et l’avenir, les animaux, les rivières, le soleil et les galaxies dans mon ventre. Je perçois que “Je” (au sens noble et vaste du terme) contiens tout. Vous êtes tous en moi. Et là, dans ce petit ventre, j’ai tellement d’amour.
A l’inspiration, je me dissous et m’étend, à l’infini pour ne plus être rien et atteindre tout, le tout et toi, aussi.
Une abeille vient butiner les fleurs de potiron de mon potager urbain, un moineau picore des miettes sur les tôles de métal à ma gauche. Le vent se lève et dans ces détails multiples du quotidien, je ressens l’extase. Difficile à décrire car je (au sens humain du terme) ne suis plus là. Je ne suis même plus témoin, il n’y a plus que tout cela qui vit, qui vibre. Ma peau s’embrase, des frissons parcourent mes entrailles. Délicieux soupire. Huum, haaa…
Je n’ai plus de limites. Elles se confondent avec le sol, avec le vent, avec les sons.
L’ouverture et l’ascension, la retraite et la descente en accord avec l’inspiration et l’expiration, rythme cosmique qui explique tout.
Á chaque inspiration, j’aime, je me relie, je ris, j’accouche, je crée.
Quand vient l’expiration, je perçois une pointe d’angoisse avant de lâcher, abandonner, capituler, ne plus prétendre, disparaitre.
Encore! Huuummm encore de ce va et vient entre tout et rien. Sensualité du souffle qui me trouve fragile et puissante, douce et agressive, souple et tendue, fluide et saccadée, prétentieuse et humble.
Je frémis et vacille.
Oui encore…
La journée et ses tâches quotidiennes commencent. Je perdrai certainement cette immensité et y reviendrai, comme l’inspiration et l’expiration.
Entre ciel et terre, humaine et divine à la fois.
Auteure: Umâ Aum