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Kali, déesse souvent redoutée, est perçue comme une menace, une malédiction et en même tant fascine pour ces mêmes raisons. Kali séduit parfois plus que certaines déesses plus consolantes ou agréables. Son message est le suivant:
“Il n’est pas suffisant d’adorer le sublime, le divin, nous devons d’abord croiser le terrible”.
C’est là l’attrait de kali.
Le mot sanscrit “Kali” signifie littéralement le “temps”. Kali est la forme féminine du mot “Kala” (forme masculine). Le temps comme nous sommes bien obligés de le constater est avant toute chose, le plus grand pouvoir qui gouverne l’univers. Dans sa forme essentielle, le temps est l’éternité, elle-même, la durée perpétuelle immuable. Tout change sauf le changement. Tout bouge et se transforme mais le mouvement/ la transformation ne s’arrête pas. Le temps est la grande force de changement qui pousse tout à bouger, à se transformer. Il consomme et fait mûrir toutes choses. Le temps n’est pas un simple processus de récurrence. A travers des naissances et des morts répétées, à travers des changements variés, les êtres créés viennent à réaliser la réalité du temps lui-même et atteignent l’infini. Kali est la déesse qui symbolise ce processus en spirale dans lequel nous évoluons et grandissons et ce qui est au-delà de toutes formes changeantes.
Pourquoi devrions-nous concevoir le temps comme une déesse ou une forme féminine?
Le temps n’est pas un simple continuum abstrait dans lequel les choses se produisent. C’est un champs vivant, une énergie consciente, une matrice et un vortex. Le temps est la fabuleuse matrice, d’où sa qualité féminine. Le temps est notre mère et notre origine et contient aussi notre finalité. Le temps est la mère qui mange ses propres enfants, ce qui est un des aspects terribles de Kali. En les dévorant elles les ramènent également dans l’unité et la joie. La vénération de Kali est l’immersion dans l’éternité dans laquelle les formes du temps sont résorbées dans l’état d’être essentiel de ce dernier en tant que pure existence.
Le temps est à la fois création et destruction. Pour créer, nous devons d’abord détruire. Pour laisser émerger le nouveau, nous devons laisser partir l’ancien. Les déesses de la destruction commencent avec kali qui est l’image de la destruction dans laquelle rien ne subsiste à l’exception du Seigneur Shiva lui-même. Pour notre renaissance ou résurrection, nous devons d’abord permettre à l’attachement à notre nature matérielle (physique) d’être détruite. Nous devons aller au-delà de tout lien, de tout attachement au connu et au déterminé et renoncer à toutes les identités, opinions et croyances. Nous devons nous laisser devenir une victime sacrificielle du Divin.
Aucun savoir s’il n’est sacrifié ne peut nous sauver. Seul le sacrifice de notre ego peut réellement nous délivrer de l’ignorance et de la tristesse. Kali est la forme du divin qui accepte cette offrande. Nous ne faisons pas qu’exister, nous sommes une part du temps et nous prenons part à sa nature essentielle, qui est l’éternité. Nous ne faisons pas qu’expérimenter le changement dans notre aspect extérieur ou notre complexe esprit/ corps; dans notre nature en tant que pure conscience nous sommes le témoin du changement depuis l’endroit du non-temps. Lorsque nous grandissons et évoluons en conscience, nous devenons UN avec Kali, dans laquelle nous sommes capables de créer et de détruire l’univers en entier à volonté à chaque respiration, à chaque sensation, à chaque pensée.
Kali est la vie qui existe dans la mort et le mort qui existe dans la vie. Être conscient de cette vie dans la mort ou de cette mort dans la vie est une de ses approches méditatives. Mourir quotidiennement est son travail de chaque jour. C’est mourir à toutes les pensées, peurs, anxiétés, amour et haine, préférences et aversions. Il s’agit de jeter tous les jours notre mental dans les flammes les plus hautes du feu de la conscience. Chaque jour avant d’aller dormir, nous devrions vider notre esprit comme si ce jour était le dernier. Cette attitude nous permettrait également de vivre chaque jour comme si c’était le dernier et de la sorte, de changer la vie elle-même en méditation.
Kali est l’amour qui existe au cœur de la vie immortelle qui se déroule à travers la vie et la mort. Maintenir la conscience de la nature éternelle à travers les cycles de la vie et de la mort est une autre de ses approches méditatives. La vérité est que notre âme, notre aspiration vers le divin qui est notre amour éternel, n’est jamais mort et ne mourra jamais. En devenant conscient que cette tenace aspiration de mourir aux choses de l’esprit et des sens, est l’apprentissage vers la connaissance de la vie cosmique et la grâce divine. Kali est par conséquent la mort elle-même dans toutes ses formes, à tous les niveaux mais avant tout, la mort de l’illusion de la séparation.
Kali est représentée dansant sur un terrain de crémation. Méditer sur la mort est une autre façon de contacter l’énergie de Kali. La mort n’est pas notre fin ultime, elle est aussi notre origine et notre mère, elle est notre mort comme retour à notre éternité. Mahâ-Kali se subdivise en 10 déesses connues sous le nom de Mahâ-vidyàs (10 objets de sagesse transcendante) qui sont les 10 aspects du cycle du temps, représentatives de l’ensemble des projections et de retraits de l’univers. Ce sont les énergies subtiles sous-jacentes dont l’univers grossier est l’expression extérieure. L’étude méditative de ces 10 formes de Kali a beaucoup en commun avec Le livre des morts tibétains ou Le livre de la mort Egyptien . Bien plus que des manuels pour nous aider dans notre transition quand notre corps mourra, ils sont des enseignements qui nous montrent que la mort psychologique amène la résurrection du Soi divin en nous. Ceci est la grande vérité de kali.
La vie (ou le prana) est la manifestation en création du principe éternel de l’ “être” (sens du fait d’être”) ou “sat” en sanscrit. Notre désir de vivre pour toujours reflète notre être éternel – le fait que dans notre vraie nature nous ne changerons jamais et encore ne mourrons. Chacun de nous espère vivre pour toujours. kali nous accorde la vie éternelle, mais celle-ci a un prix. Seulement ce qui est immortel peut-être immortel, comme rien ne peut changer sa nature propre. Le mortel et le transitoire doivent être sacrifiés. Par conséquent, Kali apparait effrayante et destructrice pour la vision ordinaire. Et pourtant nous mourrons tous! Nous devons perdre nos attachements, notre corps et notre esprit compris. Malgré l’intensité de notre attachement aux choses, nous les perdrons un jour ou l’autre. Cet attachement produit uniquement de la frustration lorsque nous les perdons ou qu’ils se cassent, s’en vont ou meurent. A un moment, le sacrifice de notre nature mortelle est inévitable. Si nous le faisons volontairement, nous gagnons l’immortalité. Si nous le faisons involontairement, nous tombons dans la confusion de naissances répétées, dans une tentative vaine de satisfaire nos désirs insatisfaits.
Kali en tant que pouvoir de mort et de négation est le Nirvana, l’état de dissolution des désirs. Elle fonctionne pour éteindre tous nos manques, toutes nos envies et nous fait nous dissoudre dans le champs nirvanesque, le royaume du “non-né”, “non-créé” et “non-manifesté”. Kali développe des formes uniquement pour nous amener au-delà de la forme. Lorsque sa force se réveille en nous, elle agit pour briser toutes les limitations et attachements, pour que nous puissions transcender entièrement le champs du connu. Kali est “Shakti Nirvana” ou l’ultime pouvoir de négation par lequel toutes les pensées capitulent dans le champ inconnaissable de l’ “être” lui-même. Ceux qui cherchent à se dissoudre dans ce champs inconnu et sans forme, sont les véritables fidèles de Kali.
A un niveau cosmique, Kali est reliée à l’élément de l’air ou du vent: Vayu.
Selon la médecine ayurvédique, ceux qui sont Vata ou avec un tempérament aérien, ont une part de l’énergie de Kali. Comme le vent, elle est mobile, subtile et transformatrice. Kali est reliée à l’éclair (Vidyut Shakti) ou la force électrique qui se manifeste dans l’atmosphère. Cette force imprègne l’univers comme l’énergie de transformation. Elle agit rapidement, de façon imprévue et ne laisse pas de traces d’elle-même. Elle accélère les changements radicaux.
Kali offre l’éclair comme une illumination et une transformation. Elle n’est par conséquent pas entièrement obscure. Comme le nuage bleu noir, son éclair frappe de façon décisive. Elle est l’éclair de la perception de la vérité qui nie toutes les illusions et nous fait apparaitre sombre dans celui-ci comme si elle nous enlevait du royaume sombre du visible vers le monde invisible de la lumière.
Dans le corps humain, l’air existe sous forme de Prana, de la respiration ou de la force de vie.
Kali est notre énergie vitale qui ne nous appartient pas mais appartient à la Mère Divine. cette énergie provoque aussi notre mort lorsqu’elle quitte le corps pour son voyage vers les mondes subtils.
Dans le mouvement de la respiration, nous expérimentons la réalité de Kali ou le grand rythme de la vie et de la mort.
Kali est le pouvoir de l’action ou transformation (Kriya-Shakti). A travers le temps et la respiration, tout s’accomplit. Pourtant ce qu’elle accomplit n’est pas une simple action extérieure. elle accomplit le labeur spirituel de notre renaissance dans la pure conscience. Pour cela, elle crée l’énergie et fait elle-même le travail: “nous nous abandonnons à sa force”.
Si nous souhaitons accomplir toute grande action, particulièrement le processus interne de la la transformation yoguique, nous devrons chercher la grâce de Ma Kali. Une fois que sa force se manifeste en nous, notre corps en entier subit une changement radical et une réorientation qui nous emmène au-delà du monde.
Kali signifie beauté. a racine “kal” de laquelle provient le nom, signifie “compter, estimer” ou “la mise en mouvement”, d’où la signification du temps. Cela se réfère aussi à ce qui est “bien limité”, “bien mesuré”, “bien formé”, comme la beauté.
Le temps lui-même a un rythme, une danse qui est la base de toute beauté. Ceci est aussi le rythme des forces de vie qui permettent le mouvement. Néanmoins la beauté n’est pas qu’aimable, elle est aussi la terreur et même la mort.
Kali est la beauté qui est la terreur. Elle est la femme, belle qui envoûte un homme au point qu’il perde la tête voire sa vie en la poursuivant. Kali est donc une beauté inatteignable ou un amour non-partagé qui montre le mystère divin que nous ne pouvons jamais saisir au sein du monde des formes.
En fait aucune beauté n’est saisissable car en réalité, elle n’appartient pas au monde des formes mais à celui de la conscience. Le plus nous recherchons la beauté à l’extérieur, le plus nous perdons notre vie. Le plus nous recherchons la beauté à l’intérieur, le plus nous passons au-delà de la mort. Ceci est aussi le symbolisme de Kali.
La beauté divine est terreur parce qu’elle fait devenir terne ou pâle toute la beauté et les gloires de la vie mortelle. La beauté n’est pas reflétée en formes. Elle appartient réellement à l’éternel. Quand la fleur se fane comme il se doit, ce n’est pas la beauté qui disparait mais simplement la forme sur laquelle cette beauté est reflétée.
Kali est la compagne de Shiva qui est aussi Kala ou le Seigneur du temps et de l’éternité. Kali est le pouvoir actif qui émerge de Shiva qui comme réalité transcendante est au-delà de l’action ou de la motivation.
Kali représente le flux de grâce qui émerge du cœur de Shiva. S’abandonner à elle nous amène à la paix éternelle et immortelle de Shiva lui-même. C’est pourquoi Kali nous est connue sous une forme ou une autre. Elle n’est pas une divinité d’une religion étrange mais un portrait objectif de la réalité essentielle sous sa forme symbolique.
Kali est généralement localisée dans le cœur du corps subtil, le siège de l’élément air ou Vayu. Elle est également reliée au cœur physique qui fait circuler les forces de vie, et au sang lui-même qui transporte cette même force. Dans ses formes les plus hautes et le plus bénéfiques comme Bhadra (de bon augure), Kali est localisée dans le centre du cœur spirituel, du côté droit de la poitrine. Là, elle donne la plus haute transformation, qui est l’auto-réalisation.
Kali est bleu foncé et porte une guirlande de crânes et elle rit. Parfois à la place de la langue, elle a deux crocs. Elle a quatre bras et quatre mains et tient un hachoir, un tête coupée dégoulinante de sang. Avec ses deux autres mains, elle fait le mudra qui dispense la bénédiction et éloigne la peur. Elle porte une jupe faite de bras humains. Elle est représentée en dansant sur les champs funéraires et se tient sur un cadavre (qui est la forme de Shiva lui-même).
Le bleu foncé est la couleur de l’espace infini et du temps éternel tout comme la mort. Ceci montre la transcendance de Kali sur le royaume du connu. La main avec le hachoir coupe l’ego. Pour l’ignorant c’est une force terrible et mortelle. Pour le sage, elle est le pouvoir de la connaissance discriminant l’éternel du transitoire, qui donne le pouvoir de briser tout esclavage.
La guirlande de crânes représente toutes les créatures du monde de même que nos diverses réincarnations qui sont vouées à la mort.
La tête tranchée représente l’ego ou le “Je suis ce corps” dont elle annihile l’idée.
Les crânes montrent également son habilité de libérer notre esprit de l’identification avec le corps.
La jupe de bras représente son pouvoir sur tous es organes d’action.
Le cadavre sur lequel elle se tient indique la nature inerte de la matière et le corps séparé des forces de vie. Ce cadavre est aussi le Seigneur Shiva qui représente la nature transcendante et inactive de l’Être pur qui est à l’origine de toutes formes de vie.
Parfois Kali est décrite comme une vieille femme ou vieille sorcière. Parfois elle est représentée comme effrayante comme un démon. A d’autres moments, son visage est très beau. Parfois encore, elle al e visage d’une jeune femme enjouée. En plus de danser, kali peut se tenir debout ou s’asseoir.
Le bija mantra ou mantra “graine” est KRIM qui est le pouvoir d’action (kriya).
La simple répétition de ce mantra peut-être utilisée pour la vénérer.
Le mantra KRIM est aussi est aussi utilisé dans sa quête. On peut aussi simplement répéter son nom.
Elle a aussi un long mantra de 22 syllabes:
KRIM KRIM KRIM HUM HUM HRIM HRIM DAKSINE KALIKE KRIM KRIM HUM HUM HRIM HRIM SVAHA
HUM est le mantra de la colère divine et prévient de la négativité. Il sert aussi à allumer le feu de la connaissance spirituelle et de la recherche de soi.
HRIM est le mantra de la beauté divine, la descente de la grâce, de la purification et transformation.
DAKSINE ou Dakshina est Kali en tant que pouvoir de discernement, qui est la bonne pensée et action.
KALIKE est une autre forme diu nom Kali.
KRIM est répété trois fois suivi de HUM deux fois et KRIM deux fois aussi pour un total de sept syllabes “graines”.
KRIM souligne l’action intérieure qui génère la force transformatrice de HUM qui se transforme en pouvoir extatique de HRIM.
Ces sept syllabes peuvent elles-mêmes récitées comme un mantra pour Kali.
Le prophète du Kali mantra est Mahakala Shiva comme le grand Seigneur du temps.
Ce n’est seulement qu’en devenant le temps nous pouvons gagner le pouvoir nécessaire pour faire face à l’énergie de Kali.
Avec le mantra, vous pouvez associer le Yantra suivant:
Un autre mantra utile pour elle est le Chamunda mantra, la forme de Kali féroce de l’histoire de “Devi Mahatn’ya”.
OM AIM HRIM KLIM CAMUNDAYAI VICCHE SVAHA
Ce mantra commence avec le OM, suivi du mantra pour la sagesse, Sarasvati (HAIM, la purification, Parvati (HRIM) et la transformation, Kali (KLIM) et le mantra SVAHA qui consume l’offrande à Chamunda.
VICCHE signifie “coup” dans le sens de couper la tête d’un démon ou de couper la tête de l’ego.
Il y a a de nombreuses approches méditatives pour adorer Kali en plus de celles déjà indiquées.
Le pranayama (ou contrôle de la respiration) est un des moyens principal et plus particulièrement en observant la respiration tout simplement.
Cette méthode augmente la conscience et la longévité. Plus spécifiquement Kali est liée au mantra: “SO HAM” qi est le son naturel de la respiration:
SO à l’inspire
HAM à l’expire
SO en sancrit signifie “assimiler”, “retenir”, “attraper”.
HAM signifie “laisser derière”, “abandon”, “destruction”.
SO HAM pranayama est très simple et naturel et en même temps un moyen direct vers la réalisation.
De façon ultime, la rétention de la respiration en Samadhi est nécessaire pour comprendre sa réalité. Cela est uniquement possible lorsque nous avons abandonnée tous les attachements au monde extérieur et que nous respirons la force de vie éternelle qui provient de la conscience elle-même.
Comme Kali est le temps ou l’éternité, une autre approche de la méditation est celle sur l’impermanence de toutes choses? Technique utilisée dans le bouddhisme et l’hindouisme aussi. Voir la mort ou le déclin inhérent à totues choses est une partie de la pratique pour la reconnaître.
Ceux qui connaissent la vérité de Kali voient la vieille personne dans l’enfant et l’enfant dans la vieille personne.
Ils voient la fleur dans la souche pourrie. Ils saisissent le temps par les deux bouts et embrassent l’éternité.
Il a relâché l’incroyable force de Kali-Shakti pour les bénéfices de l’humanité, mettant en mouvement les forces de transformation pour établir une nouvelle ère pour l’humanité. Il est le plus grand dévot moderne de Kali et peut-être de toutes les “Dix Grandes Formes de La Connaissance de La Déesse.
Traduit de l’anglais de: “Tantric yoga, the wisdom of goddesses“, Dr.David frawley, ED.Lotus Press, collection “spiritual secrets of ayurved