umaaum

UMA AUM

TRAVERSÉE TANTRIQUE SOLITAIRE

Au cours d’un atelier en ligne, ce matin, nous partageons notre ressenti du moment, comment nous vivons ce nouveau jour de confinement qui commence alors que nous nous apprêtons à chanter le Om ensemble?

Comment cette 35ème journée de quarantaine, ce cheminement au plus près de nous-même, nous affecte ou nous transforme?

J’entends de la gratitude, de l’apaisement, le manque de contact physique, de chaleur humaine, de simplement tenir un main dans les siennes, ces qualités organiques partagées dans un quotidien avant Covid-19 sans même que nous ne leurs offrions toute notre attention parfois ou souvent. J’entends la peur d’un avenir incertain, improbable ou tout est possible, un peur de l’après, de devoir ou de ne plus pouvoir.

Nous ne savons rien ou pas grand-chose et encore est-ce vrai? Est-ce légitime de s’inquiéter ? Sommes-nous dans un grand bouleversement? Vers quoi cela peut-il nous mener?

Des mots, des paroles, des interrogations dont certaines font écho en moi. Un écho qui fait remonter une angoisse que je ne me permettais pas de ressentir. Moi qui donne des cours de yoga ou des méditations, moi qui aspire à habiter totalement l’instant présent, qui observe ce flux de pensées,  incessant par moments presque silencieux à d’autres, moi qui doit montrer l’exemple.! …ou qui crois qui dois le faire… ?

En effet quelque chose fait écho en moi et je ne sais pas comment traiter l’information. Je la sens forte comme un courant électrique trop puissant pour transiter à travers moi sans que je n’explose.

J’en parle, nous débattons de l’idée, je n’ai pas le même point de vue que mon interlocuteur, le sien me désarçonne, réaliste, pragmatique, à l’opposé total de mon ressenti, ce qui ne m’empêche pas de percevoir une sage justesse dans ses mots aussi.

Je me perds dans les concepts, les idées, les points de vue alors que ce matin je me suis déjà réveillée parcourue par un tsunami d’émotions, un tas d’évènements qui convergent, beaucoup se passe en même temps, beaucoup de coïncidences, qui n’en sont pas, je le sens, un switch important, souterrain s’opère en moi. Un grand bouleversement pointe le bout de son nez dans mes tripes, dans ma chair.

Je ne sais pas vers quoi il m’emmène, je ne sais pas de quoi est fait demain, ni de quoi je serai faite non plus.

Ce tournoiement d’idées associé à ma sensibilité émotionnelle est de TROP!!!

Trop d’idées, de mots, de paroles…habituée à la douceur de mon cocon depuis le confinement (à la maison avec ma fille, j’ai un jardin, des livres, pleins de légumes, de la créativité, un rythme de vie tout à fait intuitif qui me permet de trouver ma place) , un mois de confinement comme un beau retour à moi-même.

Aujourd’hui, c’est de trop!  Mon corps commence à trembler de l’intérieur, le tremblement vient du cœur et de la gorge, lentement c’est tout mon corps qui est ébranlé de secousses désagréables. Je me sens perdue confuse, fragile, vulnérable, et j’essaye de comprendre, j’en parle et reçois d’autres ressentis qui me font chavirer un peu plus, je perds mon assise.

Alors c’est quoi le tantra ? Pour moi, c’est aussi des moments d’inconfort extrême, qu’on ne cherche pas à éviter ou trouver de l’aide hors de soi. C’est prendre le parti de plonger intensément dans ce qui me traverse et lui laisser tout l’espace pour évoluer. Mais comment lâcher prise si on ne tient rien? C’est en laissant ce flux de vie nous transperce,nous éprouver,  en le recevant que l’on peut le laisser repartir, pas en le bloquant. J’avais oublié le temps d’un instant…

Je m’assieds et bois un cacao, je mets une minuterie, je m’accorde une demi-heure. M’assoir en présence de ce qui est, de mon environnement, de comment je ressens mon corps et  à un niveau plus subtil les énergies palpiter en moi, la respiration, encore et encore, rapide, courte au niveau du thorax, les idées qui passent et m’emportent, “j’angoisse”: Oui!, “je suis perdue, je ne sais pas, je ne sais rien”: OUI!, “je suis seule face à cela”: OUI!. Cette énergie que je sens en général vibrer au bout de mes doigts, vpulse intensément dans tout mon corps de la tête au bout des orteils. Je lui dis OUI”

Je ne me laisse pas souvent avoir peur. Lorsque c’est le cas, je l’affronte, je la brave. Mon côté masculin prend les choses en mains. Aujourd’hui, je me pose en présence avec sans vouloir l’enlever, la balayer d’un revers de main et tourner le regard fort vers le futur, j’explore ma dimension féminine dans sa vulnérabilité, sa réception.

Je prends le temps de me lover et d’être complètement chacune des émotions désagréables qui me traverse.

Je suis une Samuraï à l’égard de mes pensées, je ne les laisse pas m’emmener hors réalité et en même temps j’accueille comme une mère bercerait son enfant, mes émotions. Je les regarde, les ressens, les localise dans mon corps, n’en tire aucune leçon ou conclusion, je suis pleinement!

Et au fond de mes tourments, je Me retrouve, juste là, et en même temps de tout les temps; juste ici et en même temps au partout.

Je respire encore, je n’ai plus peur de ma peur, je la suis, je la vis, je m’immerge en elle, je lui fait même l’amour, la célébrant, la remerciant de son passage en moi. Je soupire, j’expire par la bouche, je pleure et sourit, j’en rigole et peu à peu , je contacte cette félicité, ce silence, le plus profond de moi, en dessous de tout cela.

J’ai eu le sentiment après cette méditation,  de grandes épousailles avec certaines parts de moi sur lesquelles je ne posais pas facilement les yeux, je me sens comme une reine, assise fièrement sur mon trône car j’ai pris soin de la petite fille apeurée.

Avec amour

Auteure: Umâ